Empowerment / Femme et société

L’empowerment des femmes ce n’est pas que le féminisme

Lorsque je parle de mon projet d’empowerment de la femme je rencontre parfois des visages fermés ou perplexes selon. Après quelques échanges, il s’agit en général d’incompréhensions et de craintes. Certains y voient du féminisme qui va à l’encontre de l’ordre établit et menace l’équilibre socio-culturel. Je ne sais pas trop à quel équilibre ils font référence d’ailleurs mais nous en reparlerons. Parce que non le patriarcat n’est pas le modèle le plus ancien et il n’a pas été prouvé qu’il est le plus équilibré. Bref. D’autres encore y voient de l’acculturation ou de l’appropriation insensée de « problèmes » éloignés de nos réalités ouest africaines.

L’autonomisation de la femme est profondément liée à l’évolution des droits de la femme

Dans les pays occidentaux, ce mouvement a tendance à se diviser en trois vagues, la première commençant au 19e et au début du 20e siècle où le suffrage était un élément clé. La deuxième vague des années 1960 comprenait la révolution sexuelle et le rôle des femmes dans la société. Le féminisme de la troisième vague est souvent considéré comme commençant dans les années 1990.

Là d’où je viens, le féminisme a une histoire différente

La génération de laquelle je suis issue ne s’est pas battu pour le droit de vote. Un fort pourcentage de jeunes d’ailleurs se tient aussi éloigné que possible de la politique. La politique à l’ancienne, qui vit selon moi ses derniers jours, est plutôt « dangereuse » ou perçue comme telle, pour ceux qui s’y frottent. Ce n’est pas mon propos du jour ni le lieu nous y reviendrons peut-être. La première vague du droit de vote des femmes n’a pas été autant suivie ou médiatisée que les deux autres. L’évolution du rôle de la femme dans la société, la révolution sexuelle et le féminisme sont des réalités qui se sont exportées parce que proches des nôtres. Exprimer sa féminité autrement que par la maternité, se marier par choix et divorcer si la vie commune n’est pas épanouissante, avoir le droit d’être carriériste etc. sont des perspectives qui changent le quotidien des femmes en Afrique.

L’empowerment découle naturellement de mouvements sociaux mais ne s’y résume pas pour autant

Il y a une rationnelle purement pratique et qui dépasse la cause des femmes. En promouvant l’autonomisation des femmes, en élargissant le champ des possibles nous contribuons au développement économique et au bien être de toute la communauté. Les femmes représentent environ la moitié de la population. Supposons qu’en moyenne à cause de toutes les barrières sociales, économiques et culturelles seulement 20% de leur potentiel est exploité. Cela fait 80% de manque à gagner pour les femmes et 40% pour la population globale. Mais en vrai dans une équipe il se crée des synergies et du coup 1+1 font plus que 2. Imaginez l’impact !

Dans les cas extrêmes les filles sont moins scolarisées que les garçons

C’est souvent le cas quand les moyens financiers font défaut ou lorsque culturellement elles sont perçues comme destinées à d’autres formes de réussites. D’autres formes moins frontales cohabitent avec celle-ci. Le taux élevés de grossesses de jeunes filles qui se retrouvent éloignées des bancs de l’école. Un fois mères elles se tournent vers des emplois peu ou pas qualifiés. Celles qui passent ces barrières et acquièrent des diplômes même avec brio n’y sont pas encore. Difficultés à obtenir des postes de cadres, propositions indécentes en échange de postes ou salaires plus bas à compétences égales.

J’ai eu une conversation hallucinante pour moi à l’époque. Une de nos employées était enceinte. Bien évidemment, faisant parti de l’équipe managériale la réflexion sur l’organisation de son congé de maternité et ses absences s’est automatiquement enclenchée mentalement. Mais la rage des collègues masculins m’a choquée. Entre accusation de trahison, colère pour le timing parce que nous traversions des moments difficiles et autres remarques, j’en ai eu la nausée. C’était une employée engagée pourtant.

Les femmes sont différentes des hommes

Nous contribuons différemment à la société et avons les contraintes qui vont avec. L’empowerment et les conversations sur l’égalité des droits ont vocation à faire la lumière sur des freins ignorés ou pas assez visibles. Chacun de nous au quotidien peut apporter sa pierre à l’édifice et nous y gagnons collectivement, ne vous sentez pas menacé que vous soyez une femme qui ne veux pas faire de vague ou un homme. Il ne s’agit pas d’un combat contre vous mais pour notre mieux- être à tous. Vous vous demandez ce que vous pouvez faire ? Je vous en parle dans un autre article !

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