En 1958, dans une Amérique encore largement en proie aux discriminations raciales, neufs adolescents noirs sont autorisés à entrer au Lycée Central High School de Little Rock en Arkansas. Ce n’est qu’après l’intervention personnelle du Président Eisenhower et le soutien des forces armées, que ces jeunes ont pu entrer en classe. Cette histoire nous rappelle combien les discriminations sont l’affaire de toutes et tous et combien face à la bêtise humaine, la détermination seule permet d’avancer.
Une Amérique en train de sortir très lentement du système ségrégationniste.
L’abolition de l’esclavage datait déjà de près d’un siècle, mais en 1958, en particulier dans le vieux sud, les noirs étaient loin d’avoir les mêmes droits que les blancs. Des autobus, des magasins, des églises, des toilettes, des fontaines à eau et bien entendu des écoles leur étaient réservés. Pourtant à partir de l’arrêt Brown v. Board of Education of Topeka de la cour suprême, les discriminations sont interdites dans les écoles. Certains, dont le gouverneur de l’Arkansas Orval Faubus ne l’entendaient pas de cette oreille.
Des enfants particulièrement motivés.
En application de cette décision de justice, le directeur du Lycée Central High ouvre les inscriptions à aux adolescents noirs dont la jeune Elizabeth Eckford. Sur une centaine de candidatures, le directeur en choisi neuf pour leur calme, leur détermination et leur niveau scolaire. Ils seront les « Neuf de Little Rock ».
Une rentrée mouvementée et une année difficile
Le jour de la rentrée, les neuf adolescents sont accueillis par des manifestations d’hostilité. Une foule en furie les insulte, leur crache dessus et chante « Two four six eight we don’t want to integrate »1, d’autres chantent l’hymne Confédéré2. La Garde Nationale, dépêchée sur place par le gouverneur et qui aurait dû leur permettre l’accès au lycée, leur interdit d’entrer dans le bâtiment. Des journalistes noirs présents sur place sont brutalisés.
Pendant plus de deux semaines, les neufs reçoivent les cours de la part de certains professeurs bienveillants à défaut de pouvoir accéder aux salles de classe.
Ce n’est qu’après l’intervention du Président des Etats Unis que l’entrée en classe est possible, sous la protection des soldats d’élite de la 101e Airborne.
L’année scolaire fut rude. Insultes, crachats, accusations fallacieuses agressions physique… les Neufs de Little rock doivent faire face à l’hostilité ouverte de leurs congénères. Certains élèves blancs répandent du verre pilé sur le sol de la douche après le cours de sport. Des filles tentent d’enflammer les cheveux de l’une des adolescentes. Pourtant dès la fin de l’année scolaire, l’ainé des neuf obtient son diplôme.
Le gouverneur Orval Faubus tente son va-tout
Le gouverneur n’avait pas dit son dernier mot. S’appuyant sur un référendum, il n’hésite pas à fermer tous les établissements scolaires de la ville pour empêcher l’intégration des élèves noirs. Un tribunal fédéral annula la décision et les écoles publiques rouvrirent l’année suivante.
Un pari gagné contre le racisme et la ségrégation mais la vigilance reste de mise
Les enfants de Little Rock ont tous réussi leur scolarité. La plupart d’entre eux ont poursuivi leurs études à l’université. Ernest G. Green a par exemple travaillé dans l’administration fédérale pour le président Jimmy Carter. Une statue à sa mémoire trône aujourd’hui dans le hall du lycée qui abrite également un musée. Le travail et la détermination ont payé mais peu d’entre eux ont raconté leur histoire traumatique. L’affaire des neuf de Little Rock a ouvert la voie à la fin de la discrimination avec le Civil Right High (1964). Le 9 novembre 1999, le Président Clinton leur remet la médaille d’or du Congrès. Pourtant aux Etats-Unis, la discrimination envers les noirs continue, en particulier dans les Etats du Sud. Les attentats des suprémacistes blancs font plus de victimes que les attentats jihadistes. Les jeunes hommes restent trop souvent les victimes de violences policières, quant aux jeunes femmes noires, elles connaissent une précarité économique toujours marquée. Les quelques réussites éclatantes de femmes afro-américaines ne doivent pas masquer des discriminations toujours très présentes.

Ce que j’en garde
« La vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie » Sénèque. Les discriminations peu importe la forme qu’elles prennent sont des circonstances, en général, que nous ne pouvons contrôler. Même dans ces circonstances nous avons le contrôle sur notre attitude et sur ce que nous décidons de faire. A votre échelle et avec vos moyens faites au mieux.
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